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Jean Jacques Kugel rénove en trompe l’œil

 

La vie de château … d’eau

 

De la route sinueuse qui mène à Coutures, on croit apercevoir le ciel à travers le château d’eau qui surplombe la vallée. En entrant dans le petit village, le trompe l’œil s’est transformé en décor surréaliste : à travers les feuillages la colonne décorée offre au regard une suite de tableaux oniriques. Planté sur la place principale, le château d’eau s’est paré de ses plus beaux atours. C’est Jean-Jacques Kugel qui s’est chargé de l’habillement. Montalbanais d’adoption, l’adolescent qui rêvait d’être styliste habille désormais des édifices privés de soins esthétiques du fait de leur fonction.

Et ça lui plaît. Pour cet artiste peintre, l’art doit être à la portée du quotidien. « Dans un monde rationnel où chaque chose est à sa place, ce château d’eau, je l’ai conçu comme une sorte de cadeau. » Un cadeau à l’intention des gens qui vivent aux côtés de cette tour jusqu’alors un peu frustre et seulement décorée de lierre. Ils ont été séduits. L’élan spontané de ce jeune père vers le peintre pour l’assurer « du grand succès du château d’eau lors de la fête du village » en témoigne. JJ Kugel sourit. Pour lui, pas de meilleure récompense que l’enthousiasme des riverains.

C’est pour cela qu’en amont, il consulte les habitants sur leurs envies. Et que lorsque commence son travail, perché sur son échafaudage, il s’imprègne de l’ambiance de l’endroit. A Coutures, « qui ressemble à un décor de théâtre », il adonc peint des colonne offrant le spectacle d’une mère et de sa fille, d’enfants qui jouent, d’un pianiste et d’un contrebassiste, d’une danseuse et d’une funambule. Des scènes toutes simples mais promptes à réveiller l’imaginaire : « rendre l’art à ceux pour qui il est fait », explique-t-il simplement.

Un peu voyageur, un brin routard, un rien clown aussi, c’est sur une commande du syndicat des eaux, de la commune et la direction départementale de l’agriculture pour le château d’eau de Lavilledieu du Temple que JJ Kugel s’est lancé dans l’aventure du relookage de château d’eau. Avant cela, il avait peint de nombreuses fresques, « travailler sur une échelle un peu monumentale m’intéresse beaucoup ». Et de nombreux tableaux sans jamais totalement adhérer aux circuits obligés : les galeries, les expositions, tenter de vendre ses œuvres et s’en séparer… « C’est pas évident d’être privé de quelque chose sur lequel on a travaillé pendant pas mal de temps », confie-t-il. Avec les château d’eau au moins, l’artiste a l’assurance de garder accès à son œuvre. Et puis il a toujours aimé concevoir l’habillage d’un endroit. Lui donner une autre dimension. Comme le bus anglais qu’il avait un temps transformé en restaurant itinérant. Les châteaux d’eau sont le moyen de conjuguer toutes ces inclinations.

 

Un troisième projet

 

A Caumon, son prochain chantier, il part sur des tons ocres pour un château d’eau au toit de tuiles. Dans le vert ambiant, la colonne répond aux briques rouges des maisons de la vallée. Susciter l’étonnement tout en respectant l’harmonie d’un lieu, telle est la posture artistique de Jean-Jacques Kugel.

 

Armelle LE GOFF

La Dépêche du Midi

Vendredi 23 Août 2002